Les voix du monde

Ministrels of hope-rognee

« The Minstrels of hope » chantent l’espoir de Manille à Bâle et ailleurs – des concerts et des rencontres qui donnent de la force

Noldi Christen,

Suisse

Les voix de ces femmes des Philippines retentissent encore en moi… Voix intenses, belles, éclatantes ! Et le théâtre où nous sommes est plein à craquer, avec des gens debout dans les allées ! Et le chœur de notre village qui les entoure avec tendresse et respect. Et ce son, ce son qui s’installe et te soulève… Une légèreté de l’Être. Un émerveillement. Et de savoir que ces onze jeunes femmes viennent toutes de quartiers très pauvres de Manille et de ses bidonvilles … Les gens du village avaient amené du fromage, des gâteaux faits maison, d’autres friandises à partager, pour privilégier la rencontre entre les chanteurs et le public.

«The Minstrels of Hope » (litt. les chanteurs de l’espoir) de Manille ne chantent pas pour elles, pas pour leur propre gloire, pas pour faire carrière. Toute les recettes récoltées vont dans les projets culturels avec les enfants de ces mêmes bidonvilles, afin qu’à leur tour ils puissent s’initier au chant, au dessin, à la poésie, à la peinture. Se renforcer intérieurement, s’envoler eux aussi vers une vie plus belle.

Mon voisin, paysan âgé qui regarde le monde avec intelligence et une certaine inquiétude, me questionne avec insistance : «Vers quelle vie retourneront-elles ? En quoi pourront-elles s’inscrire, s’accrocher, pour avancer… ?» Son fils, jeune agronome actuellement au Sri Lanka, lui pose les mêmes questions à partir de là-bas.

Trois autres concerts ont eu lieu dans les villes de Berne, Köniz et Bâle. A Bâle ces «Ménestrels de l’espoir» ont été accueillis dans un local où se rassemblent des familles de chez nous qui doivent lutter aussi tous les jours pour «arriver vers une branche verte». Les jeunes femmes de Manille ont été intriguées par l’exposition de peinture accrochée au mur – aux thèmes poignants comme les «mangeurs de nos maisons», «la fille qui se libère»… – et elles avaient beaucoup de questions : «C’est quoi la pauvreté en Suisse ? Qu’est-ce qui peut donner de la force aux gens ? En quoi cela soutient certains le fait de peindre… ?»

Vera, une femme qui a eu une vie «pour enterrer des larmes en soi» nous explique : «Moi quand j’ai fait de la sculpture pour la première fois, je me suis aperçue que quelque chose se passait à l’intérieur de moi… ça me travaillait, me faisait vibrer. Avec chaque coup de marteau et le bois qui giclait au loin sous le ciseau, c’était comme si le bloc de béton qui me serrait la gorge depuis des années s’enlevait un peu, morceau par morceau.»

Puis elle ajoute : «Quand je les entends et que je regarde ces femmes, je me dis : «Mais elles sont exactement comme nous, comme moi… Faites «du même bois», comme on dit. Avec les mêmes rêves et une envie folle de simplement pouvoir réussir sa vie sur cette terre…»

Une réflexion au sujet de « Les voix du monde »

  1. Merci Noldi!
    Quel chemin parcouru avec les Minstrels of Hope, à Manille, en France en 2009. comme tu racontes ce temps au village de Treyvaux je repense à cette incroyable après midi à l’hopital des Petits près où vit Yvonne depuis si longtemps! Yvonne qui a pu sortir régulièrement chanter avec d’autres pendant 7-8 ans de l’atelier chant de l’ile de France! Yvonne qui aime chanter! Voilà qu’elle accueille chez elle toutes ces filles de Manille pour partager avec les résidents de ‘sa maison’ qui pour beaucoup ne peuvent se déplacer seul tant leur corps est cassé!
    Comme tu le racontes à Treyvaux, là aussi elles se sont donné à fond , se rendant proche de tous ceux en fauteuil ne pouvant plus bouger rien de leur corps pour certains… les entrainant par le regard dans une communication extrèmement joyeuse! Au point que tous ceux qui pouvaient se sont mis à leur suite à chanter le chant resté enfoui en eux… des voix se sont déliées, les filles se sont encore plus rapprochées pour écouter, pour s’embrasser, se dire merci mutuellement comme si on se connaissait depuis si longtemps!

    Oui quelle force que ce chant qui anime ces jeunes après avoir traversé de grandes épreuves pour survivre, pour ne pas rester enfermer dans la pauvreté!
    Bravo Benoit (Reboul Salse) de nous avoir mis sur le chemin d’Alain Pronovost que tu avais rencontré au Canada une fois et qui t’avait touché dans sa passion de faire grandir ce projet à Manille: l’expression artistique contre la pauvreté!
    Des échanges qui nourrissent! A continuer! Pour lutter contre le découragement, pour retrouver le désir d’aller loin faire émerger les potentiels de chacun dans un esprit de respect mutuel!
    Brigitte

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