Etudier contre vents et pluies

La saison des pluies est de retour dans certaines régions du Cameroun depuis la deuxième semaine du mois de février. Et ce retour des pluies fait des heureux chez les agriculteurs, mais il fait aussi des malheureux….
La semaine dernière, je me suis rendue dans un village, ayant appris qu’une pluie, couplée d’une tornade, s’était abattue dans ce village, avait arraché le toit de l’école primaire et provoqué l’écroulement de plusieurs murs faits en potopoto (terre mêlée à l’eau et plié avec les pieds pour faire figure de briques).
Ce village est l’un des plus enclavés de la région du centre Cameroun. La route y passe à peine, pas d’eau potable, pas d’électricité. J’y suis allée avec d’autres bonnes volontés pour apporter un soutien à ces enfants qui se trouvaient du jour au lendemain sans infrastructures adéquates pour étudier.
Quelle n’a pas été notre surprise, alors que pensant trouver des enfants et des enseignants aux abois, nous avons trouvé la cour de la petite école vide et les élèves et leurs enseignants en plein cours, dans ce qui leur restait de bâtiment scolaire. Contre vents et pluies, ils tenaient à étudier.
Ils avaient, en effet, fait appel aux jeunes et aux hommes du village pour replacer autant que possible la toiture au moins, malgré le fait que certaines tôles avaient été endommagées, histoire de se protéger du soleil et d’une autre éventuelle pluie.
Nous étions plein d’admiration devant la scène qui s’offrait à nous. Ces gens là ont beau être pauvres, ils savent ce qu’ils veulent, ils n’attendent pas les secours pour se relever, ils se mobilisent d’abord eux-mêmes pour améliorer leur situation et continuer d’avancer malgré les vents contraires. Ici contrairement à ce que beaucoup pensent des milieux pauvres, on connaît la valeur de l’école et l’importance d’étudier. Et même si on n’a pas grand-chose, on avance.
Un enseignant nous a dit : ce village ne va pas se développer si ses habitants ne sont pas éduqués et si cette génération ne va pas a l’école. Heureusement, ils sont déterminés à améliorer leurs conditions de vie. C’est pourquoi il faut les encourager. Et il a ajouté : ici les parents envoient leurs enfants à l’école afin qu’ils puissent réussir dans la vie. Ils rêvent tous de les envoyer un jour fréquenter le lycée en ville. Et souvent on les entend dire tout haut qu’ils voient déjà leurs enfants travailler en ville plus tard.
Non le pauvre n’est pas toujours celui là qui attend. Oui il veut changer sa situation. Oui il sait s’inventer des chemins pour y arriver. Et dans ce village, nous en avons bien une preuve : Etudier contre vents et pluies.

Jeanne-Véronique Atsam (Yaoundé, Cameroun)

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